La RCA dispose désormais d'une Stratégie Nationale de Développement Durable et de l’Environnement.

4 mars 2021

La République Centrafricaine (RCA) couvre 623 000 km² et compte 5,2 millions d’habitants soit une densité de 8,3 habitants au km² selon les estimations de 2018. Situé au cœur du continent africain, le territoire centrafricain est enclavé et connecte le Bassin du Congo à ceux du Lac Tchad et du Nil bénéficiant ainsi d’une diversité biologique digne d’un carrefour biogéographique. Le potentiel naturel est constitué par des conditions bioclimatiques très favorables, illustrées par des précipitations annuelles variant de 1600 mm au sud à 800 mm au nord, 3,6 millions d’hectares de forêt dense humide offrant divers services écosystémiques dont la production de bois d’œuvre, 15 millions d’hectares de terres fertiles pour l’Agriculture, 16 millions d’hectares de pâturages pour l’élevage, une importante diversité biologique végétale, animale et fongique ainsi qu’un très dense réseau hydrographique.

La caractéristique majeure de ce pays est le frappant contraste entre son énorme potentiel naturel et son extrême pauvreté socioéconomique. Plus de 62% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté selon l’Indice de Développement Humain du PNUD (2017). La conjonction de la récurrence des crises socio-politiques dont la plus meurtrière et la plus économiquement destructrice fût celle de 2012-2013. L’incidence de la pauvreté a atteint 73% et le pays est classé 188ème sur 189 pays sur l’Indice de Développement Humain des Nations Unies en 2016. L’extrême pauvreté rend le pays aux risques et catastrophes naturelles (y compris aux changements climatiques).

Face à cette situation, le Gouvernement a toujours été conscient que la gestion durable des ressources naturelles et la préservation du cadre de vie constituent à la fois des défis et des composantes essentielles du développement durable. Aussi, dès que la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement qui s’était tenue à Rio de Janeiro en 1992 et le Sommet de la Terre de Johannesburg de 2002 eurent parachevé la maturation de cette conscience environnementale nationale, un Ministère en charge spécifiquement de l’Environnement et du Développement Durable fut-il créé en 2003, lequel promut la Loi N°07. 018 du 28 décembre 2007, portant Code de l’Environnement qui jeta les bases de la gestion de l’environnement en prenant en compte les deux dimensions : ‘Environnement Ressource’ et ‘Environnement Cadre de Vie’.

 Dans le même ordre d’idée, la République Centrafricaine a ratifié ou signé plusieurs Accords Multilatéraux en matière d’Environnement (AME) dont les buts ultimes et partagés sont la protection de l’Environnement mondial et la préservation de la vie sur Terre. On peut citer entre autres : la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la Désertification (CNULD).

Ces nombreux AME recommandent plusieurs instruments et mettent à disposition de la République Centrafricaine des mécanismes financiers de mise en œuvre dont, entre autres : la REDD+, le Défi de Bonn, l’Initiative pour la restauration des paysages forestiers africains (AFR100) et l’Accord de Paris 2015, le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), le Fonds PMA, le Fonds d’Adaptation, le Fonds Vert Climat, etc.

Le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD), responsable de la mise en œuvre de ces AME renforce d’une manière continue son organigramme par la création des structures opérationnelles consacrées spécifiquement à certains AME à savoir : la Coordination Nationale Climat (CNC) en 2016, la Coordination Nationale Biodiversité (CNB) et la Coordination Nationale Désertification (CND) en 2019. Ainsi, non seulement chaque AME, promeut son propre cadre législatif et règlementaire et fonctionne d’une manière cloisonnée, mais aussi, en dehors des actions préliminaires nécessaires à la ratification de chaque AME, il y a eu très peu d’initiatives concrètes de mise en œuvre des AME d’une part et pour leur mise en œuvre en synergie d’autre part, d’où les résultats mitigés enregistrés à ce jour. Notant qu’en 2010 l’évaluation environnementale pays réalisée par la Banque Mondiale avait recommandé au Gouvernement d’accroître les investissements pour la gestion durable des ressources naturelles, pour l’évaluation environnementale, et pour rendre la croissance capable de s’adapter au changement climatique (Banque Mondiale, 2010).

La République Centrafricaine s’est également engagée à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à travers deux programmes successifs de réduction de la pauvreté DSRP I (2008-2012) et II (2012-2015), puis à opérationnaliser le programme de développement durable à l’horizon 2030 (ODD) à travers le Plan National de Relèvement et de Consolidation de la Paix en Centrafrique 2017-2021 et diverses stratégies sectorielles de développement. Toutefois, non seulement aucun des OMD n’a été atteint à la fin de l’année 2015, mais déjà le rapport national volontaire (RNV) de suivi de la mise en œuvre des ODD, rendu public pendant le Forum Politique de Haut Niveau qui s’est tenu à New York en juillet 2019, reconnaît des progrès mitigés dans la mise en œuvre des ODD en RCA. Le RNV recommande in fine davantage de pragmatisme, d’ingéniosité, d’efficacité, de cohérence et de responsabilité en vue de réaliser l’agenda 2030.

C’est dans ce contexte que le Gouvernement a sollicité l’appui technique et financier du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) en vue de l’élaboration d’une Stratégie Nationale de Développement Durable et de l’Environnement. A la fois stratégique et opérationnelle, cette feuille de route devra faciliter la mise en œuvre conjointe et holistique des AME et sous-tendre à la réalisation des ODD en République Centrafricaine

Après quelques amendements, le projet de Stratégie nationale de développement durable et de l’environnement a été validé au niveau national lors d’un atelier qui s’est tenu les 3 et 4 mars 2021, et qui a permis de :

  • Présenter le Draft 0 de la SNDDE aux parties prenantes ;
  • Apprécier la conformité du document par rapport aux normes de formulation des stratégies nationales de développement durable et de l’environnement ;
  • Évaluer l’exhaustivité et l’exactitude du diagnostic, la cohérence des enjeux de développement durable et de l’environnement avec les priorités nationales ainsi que la pertinence des axes stratégiques et mesures envisagées pour la mise en œuvre des AME et l’atteinte des ODD ; et
  • Recueillir des contributions en vue de l’amélioration de la SNDDE.